L’Allemagne est une vraie chance pour la France

Philippe Oddo, associé gérant d’Oddo & Cie et président du directoire de la banque BHF, se partage entre la France et l’Allemagne. Invité du Grand Témoin du Figaro, il analyse le succès du modèle économique allemand.

Philippe Oddo est deux fois banquier, une fois en France avec la banque Oddo et une autre en Allemagne avec la BHF, dont il est le président du directoire depuis quelques mois. Les deux établissements ont vocation à se rapprocher pour former une grande banque franco-allemande familiale et proche des PME. La réunion des deux maisons a déjà débuté et se poursuivra ; Philippe Oddo y veille personnellement.

C’est en effet lui l’artisan de ce développement outre-Rhin. Dès 2011, il s’est intéressé à la BHF, la banque des familles industrielles allemandes, sans pouvoir concrétiser son souhait. Tout s’est accéléré au cours des dix-huit derniers mois. Grâce à de solides réseaux locaux et à la réputation de son établissement, il a enchaîné trois acquisitions coup sur coup: d’abord Seydler en janvier 2015, puis Meriten quatre mois plus tard et enfin BHF à la fin de la même année, après une belle bagarre. Philippe Oddo s’est allié avec des familles d’industriels allemands dont les Quandt, propriétaires de BMW, pour surenchérir sur l’offre de Fosun, le Warren Buffett chinois, et finalement l’emporter.

Depuis bientôt un an, le banquier français, dont le groupe compte désormais plus de salariés en Allemagne (1 500) qu’en France (1 000), passe trois jours par semaine à Francfort et sillonne les Länder pour rencontrer ses équipes et les patrons de ces très grosses PME. Ils constituent l’essentiel de sa clientèle et la richesse de la première économie européenne.

L’Allemagne est un pays bienveillant

Philippe ODDO rapporte qu’il a d’abord été agréablement surpris par la bienveillance et la qualité de l’accueil: clients, politiques, dirigeants d’entreprise, représentants locaux…

« Tous nous souhaitent un vrai succès car la BHF est un établissement prestigieux en Allemagne et parce que les Allemands respectent les entrepreneurs, plus encore lorsqu’ils parlent leur langue. »

« Ensuite, j’ai été surpris par le montant du patrimoine de nos clients. Les grandes PME familiales et leurs propriétaires sont beaucoup plus riches qu’en France. Les dépôts de nos clients d’Allemagne sont en moyenne quatre à cinq fois supérieurs à ceux de leurs homologues français. »

 

Le couple franco-allemand n’est pas au mieux. La France n’est plus depuis quelques mois le premier partenaire économique de Berlin. Avez-vous le sentiment que l’Allemagne et la France s’éloignent?

Les Allemands connaissent très bien la France. Chaque année, 13 millions d’entre eux séjournent dans notre pays. Ce sont les premiers touristes étrangers, juste devant les Britanniques. À l’inverse, nous sommes à peine trois millions à nous rendre chaque année outre-Rhin. La réalité est que les Allemands aiment la France et les Français. Ils sont soucieux de l’état de notre pays et souhaitent que leur partenaire économique et politique naturel se ressaisisse. C’est aux Français d’oser et de se tourner beaucoup plus vers leur grand voisin. L’Allemagne est une vraie chance pour la France.

Retrouvez l’intégralité de l’interview sur le site du Figaro

Source : Oddo

Retour en haut